Elysées 2012

Affiches

On ne peut plus binaire, cette affiche ! pour ne pas dire manichéenne !

A gauche la France en feu : des jeunes, on suppose, issus de l'immigration évidemment ; en fond, à peine visible dans cette noirceur nocturne, l'horizon barré d'une barre d'HLM. Devant un clodo, penché sur un journal, assis sur un banc à côté de son sac où doit, dans un désordre et une souillure indescriptible se retrouver tout l'humble viatique d'un SDF, d'un chômeur, d'un désespéré.

A droite, un couple jeune, assis sur le même banc finement juxtaposé à celui de la photo de gauche : kui enlace la demoiselle ; en jean tous les deux, dévardeur rose pour elle, chemise bleu clair, col ouvert pour lui. Derrière eux, un village comme les autres, ciel de printemps voire d'été, ciel bleu lui aussi comme pour mieux répondre au leit-motiv de l'affiche, ; jour de marché ; peu de monde : on est loin de l'entassement urbain, tout semble calme et reposé ; des vieux, quelques jeunes comme pour illustrer la variété ; au loin, sur la colline une église entouré du reste historique de la bourgade.

Tout est dans ce jeu d'opposition évidemment, entre les termes de quoi nous serions sommés de choisir. Tout est dans l'alternative tragique d'une France de la pauvreté, de la violence, de la délinquance qui est celle que les traîtres, les profiteurs, les incompétents nous auraient faite ; et l'autre, la vraie France, celle de la terre qui ne ment pas, celle qui est chevillée au corps et au coeur, celle qui a de l'esprit ...

A gauche de l’image se trouve la France actuelle, et à droite de l’image, celle que l’on veut faire. La France de l’insécurité, de la pauvreté, de la paupérisation, de l’explosion du chômage, de la disparition du système de protection sociale, c’est aujourd’hui. Oui, (…) c’est aussi « caricatural » que cela, comme vous le dites. Moi, ce que je vois, c’est que Nicolas Sarkozy avait fait beaucoup de promesses ; la courbe de l’insécurité suit la courbe de l’immigration, qui suit elle-même d’ailleurs la courbe de la fraude. Est-ce que oui ou non l’on va s’attaquer à cela, étant entendu que monsieur Sarkozy, cela fait dix ans qu’il est au pouvoir ? Cinq ans comme ministre de l’Intérieur, cinq ans comme président de la République, vous voyez. Dix ans c’est très long, et l’on peut faire beaucoup de choses en dix ans ; eh bien ces choses là n’ont pas été faites, elles ont plutôt, il faut bien le dire, été aggravées 2 .

Fausse alternative, évidemment : comment peut-on désirer ceci plutôt que cela quand tout l'oppose comme l'ombre à la lumière, le désespoir au projet, la haine à la douceur ...

Fausse alternative deux fois d'ailleurs

Un aveu en forme d'acte manqué

Tout dans cette affiche veut marquer l'opposition quand en réalité tout souligne la continuité :

- c'est le même banc

- surtout le SDF comme le jeune couple tournent le dos à la réalité, à ce qui se passe derrière eux. D'ailleurs si le rougeoiement du feu évoque sans conteste la violence et la peur, en revanche le doux calme du marché renvoie plutôt à la mort , à l'magerie nécrosée, à la posture fossilisée. Tout ici respire la mort !

- ces jeunes semblent nous regarder quand à gauche la tête baissée suinte le désespoir ou la soumission mais à bien y rgarder cette jeunesse-ci nous tourne le dos à peu près comme ceux autour du feu de l'image de gauche.

L'acte est révélateur : le repli nationaliste n'est pas seulement autarcique.

Il est autiste !

 

 


1) le site des jeunes du FN

2) commenta M Le Pen au 12/13 de France 3