Elysées 2012

Crise... encore et toujours

Lui aussi y va de son pensum ... histoire de dire qu'il est conscient de la gravité de la situation, qu'il n'est pas en vacances, mais, vigilant, prompt à se saisir des problèmes du monde.

Posture

Il le fait sous la forme d'une lettre à Merckel. Ce qui est une autre manière de se positionner comme un grand, sur la scène internationale puisqu'aussi bien il peut s'adresser aux puissants du monde d'égal à égal. Le problème de Borloo est ici : il fut ministre, promis à de hautes destinées mais rata la marche de Matignon. Il n'est plus rien ! Qui t"a fait roi ? Qui t'a défait ? Position délicate que la sienne, concurrencé sur son petit marigot centriste par d'autres que lui, crispé dans une opposition toute nouvelle pour lui mais qu'il ne peut quand même pas frontale, coincé entre le désir de se tailler un espace et son âme majoritaire.

Que peut-il dire qui ne soit bénin ou banal mais qui ne jette pas pour autant de l'huile sur le feu - tant celui de la crise d'ailleurs, que celui de ses rapports nouveaux -et financièrement délicats - avec l'UMP ?

C'est d'ailleurs toute la question de communication que pose cette crise : fallait-il ou non, pour Sarkozy, interrompre ses vacances ? Le faisait-il qu'il risquait d'alerter les marchés ; ne le faisait-il pas qu'il risquait de passer pour désinvolte. Ce qui n'a d'ailleurs pas manqué de survenir : il suffit qu'il eût réuni à l'Elysée une réunion sur la crise pour qu'automatiquement elle se transformât en réunion de crise. (1)

Il ne peut qu'en appeller au delà de l'urgence à des réformes structurelles : une nouvelle gouvernance européenne. Cela ne mange pas de pain.

Il n'a sans doute pas tord, mais sans pouvoir aller au delà, vers une critique plus radicale du capitalisle financier, il ne peut qu'en rester aux voeux pieux d'une taxe sur les transactions financières, une taxe carbone, l'interdiction des ventes à découvert ...

Notons néanmoins l'ironie de la référence à la taxe carbone qu'il contribua lui-même à saper ; notons en même temps l'appel à une réindustrialisation, verte certes, mais réindustrialisation quand même, qui semble bien être le thème commun à plusieurs candidats comme si tous avaient perçu que les dix dernières années, les cinq principalement, auront, sans toujours le laisser apparaître clairement, contribué à un détricotage complet du tissu industriel français produisant sous le doux vocable de mondialisation une division internationale du travail où la France conserverait tourisme, luxe et éventuellement culture à son actif ... mais rien d'autre.

Reste l'Europe

Reste Merckel surtout ... Il faut la regarder, l'entendre celle-là, contrefaisant sa Thatcher des grandes années : je crois encore entendre son légendaire I want my money back (Nov 79 à un journaliste du Guardian) . Elle ne fait pas mieux ! Quand elle gourmande les grecs pour leur inconséquence financière, qu'elle refuse de payer pour les autres et en appelle à la punition à quoi ressemble-t-elle sinon à une mère fouettard des temps modernes, à un Harpagon prostré sur son sac d'or ?

Que dire sinon que c'est ici, encore une fois, illustrer le manque de solidarité européenne, sans doute, l'absence de politique économique européenne, assurément ; le besoin urgent d'une saine intégration des politiques.

Mais quelle intégration ?

La question n'est assurément pas de montrer l'égoïsme allemand du doigt et de se parer incontinent de la vertu de générosité dont par ailleurs nous n'avons plus les moyens.

Il faut juste remarquer qu'au nom de cette scrupuleuse méticulosité financière de notaire de province, on aura, encore une fois lâché des pans entiers de notre indépendance en laissant l'Europe valider préalablement nos budgets nationaux, et tout ceci au nom d'une saine morale financière. Or il n'y a pas de politique commune : tout juste une mesquine logique comptable aussi triviale que méprisante.

Doit-on rappeler ici l'insolence des financiers et autres spéculateurs désignant de l'insultant acronyme de PIGS, les pays en difficulté (Portugal, Italie, Grèce et Espagne) ?

Que l'Allemagne prenne garde, mais l'Europe surtout, de ne pas faire les frais de cette stratégie sans perspective ! L'euro-scepticisme s'y appuie !

On nous avait vendu l'Europe comme un rempart contre les affres de la mondialisation : elle a fait tout le contraire. C'est par l'Europe que la mondialisation est entrée avec sa logique de dérégulation, avec ses dérives financières.

Ce qui se joue en ce moment ce n'est pas l'euro ! C'est l'europe.


1) dans Le Monde du 10 Août

La dégradation de la note de la dette souveraine des Etats-Unis, s'ajoutant à la crise de la dette dans la zone euro, a fortement secoué les marchés financiers. Mercredi, les marchés rebondissaient, encouragés par la reprise de Wall Street la veille après les commentaires de la Fed, mais les investisseurs s'interrogeaient sur la durée de ce sursaut, sur fond d'angoisse pour la croissance mondiale.

Alors que seul François Baroin avait dû interrompre ses vacances et rentrer jeudi soir à Paris, Nicolas Sarkozy restait jusqu'à présent dans son lieu de vacances dans le Var, multipliant les contacts avec ses homologues étrangers, mais sans ostentation, de peur de renforcer la fébrilité des marchés.

La communication de l'Elysée sur la crise s'était jusqu'alors résumée à la publication dimanche soir, quelques heures avant l'ouverture des Bourses asiatiques, d'un communiqué franco-allemand volontairement abscons, où chaque mot était pesé pour rassurer les marchés sans donner le sentiment d'une urgence aux effets potentiellement désastreux.

lire ITV de M Sapin dans Libération : au lieu de rassurer il a inquiété

2)


Jean-Louis Borloo, invité de Guillaume Durand par radioclassique 

 


Jean-Louis Borloo dit ’ce qu’il a sur le coeur’... par LCP