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Entre cynisme et vulgarité

 

Lire les brochures municipales réserve quelquefois d'étonnants impensés. On me dira, non sans justesse certes, mais avec quelques préventions totalement avouables, qu'il n'était ici rien d'étonnant s'agissant du 16e parisien qui n'est pas précisément connu pour ses ardeurs sociales. Quand même !

Cette page intitulée Qu'est-ce qui cloche avec le capitalisme ? d'un certain B Bonner fondateur des Publications Agora dont on peine à distinguer si elles rassemblent seulement quelques analystes financiers ou constituent plutôt une officine d'investisseurs … qui en tout cas se poussent du col en revendiquant l'art de penser par soi-même … rien de moins !

A bien lire l'article - mais on se demande vraiment ce qu'il vient fiche ici - rien ne cloche sinon les interventions délétères des États.

Échange de biens et de services contre de l'argent voici à quoi se résume selon notre grand penseur le capitalisme qu'il répugne néanmoins à qualifier comme un système.

L'ensemble du « système », si on peut l'appeler ainsi, vise à satisfaire les désirs et les besoins du « peuple ». Cela ne veut pas dire que tout le monde obtient ce qu'il veut. Les gens font des erreurs. Ils prennent de mauvaises habitudes. Ainsi, ce qu'ils obtiennent en réalité n'est pas exactement ce qu'ils veulent, mais ce qu'ils méritent.

On remarquera les pudeurs de l'auteur s'agissant du système et du peuple. Nous nous plaçons ici dans cet étrange espace, dénué de toute idéologie ou connotation politique, qu'a toujours revendiqué le libéralisme. Tout va bien : le système est parfait ou plutôt le serait sans nous qui commettons des erreurs et les institutions publiques qui faussent le mécanisme !

Qu'est-ce qui cloche avec le capitalisme ? La réponse est très simple : rien. Le capitalisme fait de son mieux. (…) Il est simplement devenu beaucoup plus difficile pour les gens d'obtenir ce qu'ils veulent vraiment.

Délicieuse idolâtrie de la chose : il y a un mécanisme dont les rouages sont bien ajustés et huilés. Mais c'est une physique du vide qui exclut toute autre force que lui-même : nulle résistance de l'air, nulle pesanteur, nulle force adjacente … Rien ! Nulle marge de manœuvre, nul arbitre humain, nulle préoccupation sociale ou même environnementale ! Rien d'autre que cet automate qui serait parfait n'était cet intempestif trublion que nous sommes.

Il faut parfois en revenir à des choses simples : on a pu autrefois s'interroger sur la valeur de l'humanisme ! Une chose est avérée : aucun système n'est supportable ni acceptable qui n'accorde à l'humain sa juste place.