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La fenêtre de Descartes

 

Que serions-nous sans fenêtres ? Le latin nous le dit, ouverture, trou voire même avenue et accès, la fenêtre est à la fois ce qui nous cache et révèle ! Trouée étroite dans les châteaux médiévaux où elle permettait surtout de voir sans être vus, la fenêtre protège tant du climat que du regard indiscret. Mais elle est loin de n'être que cela : signe de richesse, elle l'est aussi de puissance. Parce qu'ouverture sur le monde, elle est donc aussi tentative de mainmise. On ne l'appela pas meurtrière por rien! Comme n'importe quel instrument, à la fois ce qui unit et sépare ; un médiat.

Elle est aussi regard qui permet de comprendre, en tout cas de l'espérer ; qui trouble, ment ou induit en erreur. Il n'est pas de philosophe qui ne finisse par se ficher en face de cette trouée ne serait-ce que pour voir sans troubler l'objet de son étude. L'épistémologue a raison de souligner l'importance du verre et donc de l'éprouvette grâce à l'inventon de quoi le savant se donna à explorer enfin sans falsifier ; à être devant le monde sans pour autant dedans.

Qui suggère mieux ceci que Yourcenar : Zénon en fuite, se protège derrière sa fenêtre - ce qui ne l'empêche pas, lui qui ne tient pas en place et conserve son esprit toujours en alerte, d'observer les étoiles et de vouloir en tirer quelques connaissances.

Descartes, lui, est là, devant sa fenêtre, et comprend subitement comment le langage le trompe qui lui donne à voir ce qu'en vérité il avait déjà déduit. Nous le savons, et l'avons à de multiples reprises écrit, regarder est loin d'être acte neutre ou passif : nous ne pouvons voir que ce que notre jugement nous aura préalablement appris à comprendre.

Mais il n'en va pas ainsi que du seul regard du scientifique, du chercheur ou du philosophe. Tel est aussi notre cas à tous mais plus particulièrement encore du peintre ou du romancier. Certes, l'imagination n'y est pas la même que celle du langage vernaculaire non plus que de la méthode scientifique mais elle aboutit au même résultat : elle seule parvient à donner à la réalité cette épaisseur qui lui donne ses prix, pesanteur et valeur.

C'est à elle que je songeais me retrouvant devant la même fenêtre à contempler le peu qui se passe, le presque rien qui passe, me piquant de faire mon miel de la moindre vétille … qui finit par surgir !

 

Au sommet de l'immeuble en face, sans autre ambition que d'être un vulgaire pavé, ni d'autre histoire que d'avoir été édifié sur le site du Vel d'Hiv de sinistre mémoire ; au sommet de cette barre, aussi froide qu'anonyme, et que des propriétaires un peu plus chanceux que d'autres - ou plus nostalgiques - s'appliquèrent à verdir un peu pour contrefaire une vie depuis longtemps enfuie, ou bien, sans se l'avouer, pour tirer définitivement un trait sur un passé que nul ne veut regarder en face …un pigeon, de cette espèce de volatiles s'attardant d'ordinaire sur nos trottoirs qu'ils souillent avec application, qui ne nous gênent pas vraiment mais que nous ignorons tant ils épuisent rapidement toute velléité d'intérêt, au point que même l'imaginatif et facétieux La Fontaine ne sut leur consacrer que deux malheureuses fables quand même ces batraciens gluants que sont les grenouilles en méritèrent six ; pas même assez goûteux pour mériter les honneurs de nos casseroles, un pigeon dis-je, tout là-haut, toisait notre persistante autant que contrainte vacuité avec une superbe passablement agaçante.

Il la tenait enfin sa vengeance ! Lui qu'on ne regardait jamais, qu'on ignorait habituellement d'un coup de pied négligent, lui aux couleurs fadasses qu'une amourette qui se fût trop attardée, il trônait, là-haut, improbable tyran. Gide l'avait écrit : les dictateurs adorent les hautes cimes. Qui embabouine les hauteurs caricature si facilement la grandeur …

La chose parfois surgit, qui nous surprend : elle peut être un événement - insolite par définition - mais quelquefois, banal à en crever, un retournement furtif comme vestes se retournent ou gants s'oublient dans la figure de l'autre : subrepticement, le regard s'inverse ; dès lors, qui d'habitude regarde, désormais est vu. C'est à cet instant précis que la fenêtre, d'emprise sur le monde, se métamorphose en inquisition ou en défaite. Et nous voici, offerts au monde, transparents aux quatre vents comme livre ouvert !

 

Le monde entreprend de nous regarder. Et nous désenchante à son tour.

Regardez-là celle-ci qui se promène : elle ne va nulle part ! tente juste de simuler l'évasion. Dans une demi-heure, elle sera de retour et tournera en rond comme avant … comme après. Cuirassée de voiles improbables supposés faire rempart contre l'ennemi invisible : on la devine à peine, elle en retour ne voit personne, ni rien d'ailleurs, embusquée qu'elle demeure derrière ses verres trop sombres pour seulement simuler une quelconque afféterie de bourgeois, emmitouflée comme on l'eût fait en plein hiver, presque étouffée par cette chaleur printanière. Improbable oxymore …

Tout s'inverse : d'ordinaire on se réfugie chez soi pour se reposer, se recueillir ; compenser l'affairement endémique où le sérieux professionnel nous enferme. Désormais on sort de chez soi, comme pour s'assurer être encore vivants. Nous tenons à notre intimité, sans doute ! mais combien nous pèse-t-elle ! tenons à nos proches, notre famille, nos enfants … sans doute, oui, mais fallait-il vraiment que ce fût de si près ?

Exister n'est peut-être qu'affaire de distance : de l'autre, oui, qui peut être vous menace parfois de sa violence, souvent de son ambition, et aujourd'hui de sa contagion possible ; mais distance des siens aussi, de soi-même, encore. Celui-là marche, s'empresse même : il ne se promène pas. Mais quoi bien bien l'attendre au bout de cette course impatiente ? Il est sorti ? Non il s'est caparaçonné de ses habituels verrous comme si, décidément, n'était de réalité que retraduite par ses filtres étranges ! Smartphone dans les mains ; écouteurs dans les oreilles ; il ne peut même regarder où il va, séparé qu'il est par ses écrans, en tel automate de clavier qu'il en oublie le monde qu'il était pourtant venu respirer. Paris, déserté, est évidemment bien moins bruyant que d'habitude mais pour ses habitants pas plus silencieux pour autant ! Le bruit de fond du monde, le bruit de fond de l'être : lointain écho de l'explosion initiale ou bien hourvari toujours un peu vulgaire de qui s'affaire à exister ? Et si l'être était affaire de - mauvaise - musique ?

Puis ceux-ci qui se promènent, sages et raisonnables, escamotés derrière leurs masques. En poche leur autorisation de sortie. Ceux-ci toute leur existence, auront traversé dans les clous, attendu leur tour dans les files d'attente et répugné à seulement penser qu'on pût un jour désobéir. Que ce soit pour l'animal qui se prête à tous leurs prétextes, ou pour eux mêmes, eux à qui l'on a appris qu'il fallait bouger, ils se promènent sans autre limite que ce périmètre d'un kilomètre qu'on leur a assigné. Ils ne courent pas - ce sera plus tard et d'ailleurs c'est une affaire de plus jeunes. Ceux-là, retraités sans doute, pourquoi se piqueraient-ils de précipiter les choses ? Il est un moment, pour les individus comme pour les civilisations où le temps s'inverse. Où, imperceptiblement d'abord, brutalement ensuite, l'âge d'or cesse d'être devant soi ! Ceux-là vivent - que voulez vous qu'ils fassent d'autre ? Je ne dis pas qu'ils végètent non plus qu'ils attendent. Non, ils patientent.

Finissent leur promenade. Simplement. Et si exister était affaire de disque rayé ?

Sages ou soumis ? Étonnante, à y bien réfléchir, demeure cette facilité avec laquelle on a enfermé toute une population depuis bientôt deux mois : ça renâcle bien un peu, ici ou là, dans les banlieues notamment ! mais pas ici ! Il y a décidément dans l'âme bourgeoise une prédisposition à l'obéissance - pour ne pas dire à la soumission - qui s'accommode mal avec ce mépris sidéral et le cynisme caustique qu'elle réserve d'habitude à tous ceux qui ne sont pas de son rang.

Et puis il y a ceux qui parlent et parfois hurlent. Symptôme de notre humanité, parait-il : nous dialoguons. Nous sommes devenus un peuple de bavards.

Où sont les taiseux de nos campagnes ? Dieu appellerait-il aujourd'hui Moïse que celui-ci ne détournerait pas son chemin : il ne l'entendrait même pas !

Celui-ci, juste en face, heureux propriétaire d'un balcon assez ample pour y loger table et fauteuils de jardin, y passa l'après-midi. Résultats miracles de la technique, à quoi mes yeux affaiblis m'interdisent depuis longtemps - ah le miracle du téléobjectif -je pus saisir jusqu'au sourire de celui qui, à ma hauteur, mais de l'autre côté de la rue, dans le bâtiment qui me tient face, téléphonait tenant curieusement son appareil devant lui et non à l'oreille, parlait si fort que j'eusse pu en retenir par le menu toute la conversation … à moins que sa voix résonnât d'autant éclatante que dans la rue, nulle voiture, nul klaxon, nul cageot claquant d'être empilé, n'en vint troubler le calme. Je finis par fermer ma fenêtre, moins gêné par le roulement continu de ses phrases, de loin en loin ponctuées de rires que par la crainte de percer quelque privauté ce qu'heureusement mes faiblesses auditives m'interdirent de toute manière. A l'intersection du dehors et du dedans, entre la balustrade du balcon et la porte-fenêtre, protégé du monde comme des parasites personnels, travaillait-il en une de ces séance de télé-activité imposée par les circonstances ou bien au contraire s'attardait-il en une conversation trop longue pour ne pas s'épuiser en d'anodines banalités … je ne sais. Toujours est-il qu'il resta, en cette fin d'après-midi le seul à paraître vivant et à en faire étal.

Puis, au point d'aller y regarder, je fus alerté par un cri rauque, un flots d'invectives rocailleuses ne ressemblant pas même aux délires paranoïaques d'un SDF, ni aux rancœurs vengeresses de tous ces derniers de cordées explosant à l'occasion dans la rue, le métro, invectivant le malheureux passant s’exposant inopportunément à le croiser ; qui d'ailleurs pestait autant contre le monde que contre soi-même. Voix caverneuse d'une désolation qui, vraisemblablement, s'attarda plus souvent près des cendriers que des tablées replètes ; voix incompréhensible, cri plutôt, incroyablement raboteux. Elle parcouru à plusieurs reprises la rue, de long en large, ne sachant où aller, cherchant peut-être quidam à apostropher, portant avec elle un malheureux viatique de plastique, ne finissant par s'éloigner qu'une fois son soûl d'aigreur déversé qu'on ne sait pourquoi - mais le savait-elle elle-même ? - elle aura réservée à ma rue.

Oui, de son promontoire, tout là-haut, le pigeon peut bien nous toiser : car tout cela n'est que tristounette simagrée.

Sans doute, nettoie-t-on encore les rues, presque par habitude quoique personne n'eût l'heur d'y laisser papier gras, emballage ou mégot … . Il en va jusqu'aux arbres fraîchement émondés qui laissent la vigueur percer à nouveau …

 

Il en est même qui courent - dame ! il faut bien entretenir corps, santé et moral : trente années de campagne sanitaire et de modèle TV américain ont fini par faire du No Sport churchillien une incongruité presque criminelle. En temps ordinaires, dès potron-minet, je croisais sur le chemin du travail, le jour pas encore levé, en tenue adéquate mais connectés à tout un équipage de compteurs de souffle, de pas, de battements cardiaque ou que sais-je encore, sans évidemment oublier le casque diffusant musique entraînante pour les mieux couper encore d'un réel qu'ils étaient pourtant supposés traverser, je croisais oui, ces exemplaires de sudation bourgeoise plus enclins à ce que leurs efforts se jaugent à leur sveltesse et se millimètrent à leur dynamisme professionnel qu'à un supposé bien-être depuis bien longtemps dévoré par l'air du temps. Les corps en sont assurément plus sains - ou se piquent d'en faire ostensible démonstration.

Il parait que nous ne sommes pas faits pour demeurer passifs ou immobiles. [**] Combien peu de temps, nous aura-t-il fallu pour dégrader ainsi la posture de l'intellectuel - acceptable à condition qu'il s'engage, c'est-à-dire fasse bouger les choses - au détriment du sage, du chercheur, de l'ermite ? Eh quoi, ce modèle en vaut bien un autre : les sages grecs pesèrent sans doute aussi de quelque vanité, assurément les kabbalistes rivalisèrent-ils de formules absconses qui leurs garantirent places et parfois prébendes, indéniablement théologiens et autres casuistes érigèrent-ils armures invisibles et nuances que même le iota de Nicée ne fût pas parvenu à dévoiler mais qui leur offrirent oreille du Prince et emprise sur le vulgaire …

Au moins l'engouement pour l'agitation frénétique est-il généralisable ! Voire ! Pour un bourgeois qui s'agite au soleil levant, combien d'autres qui se vautrent, bière à la main, hurlant devant les prouesses télévisées de leurs équipes ?

J'imagine assez l'impérieux pigeon nous observer ainsi ou encore l'un de mes inénarrables concierges de félidés jamais autant à l'aise que d'avoir mouvement à observer. Qui regarde qui en fin de compte ? Tel l'administratif - fût-il haut placé - qui ne peut s'empêcher de goguenardiser en constatant que les politiques passent quand lui reste en place, lui, l'humble, le parasite pouacre, le prince des souillures, pas même mangeable, ce coryphée aux roucoulements plus entêtants encore que les bégaiements obsessionnels d'un Terry Riley, lui, le presque rien, illustre la vieille croyance antique : la nature a horreur du vide. Une fois le grand prédateur écarté - ne serait ce que pour quelques mois - le voici confirmant la promesse biblique : les derniers seront les premiers. Bruit et fureur ne changent pas grand chose : à la fin, l'écume retirée, tout revient au même. Nous sommes ces prédateurs, parasites, ceux qui glapissent bruyamment à s'angoisser du moindre silence, ou s'aveuglent de leurs brillantes réussites au point de ne plus rien distinguer d'autres. Nous pratiquons d'autant mieux l'ostentatoire et le tonitruant que nous récusons qu'il y eût encore rien d'autre, sinon nous, qui méritât d'être distingués.

Tout s'inverse et à l'instar du chat simulant l'immobilité avant de se jeter sur sa proie, rien ne s'avère plus en mouvement que cette apparente inertie ; rien plus engourdi que nos bousculades usuelles.

Descartes ne voyait pas des chapeaux passer mais la simple occurrence d'une causalité qui, elle, demeure identique à soi. Pascal ne dit pas autre chose : nous n'aimons, ne contemplons jamais que des abstractions. J'ai crainte que du monde, nous ne nous intéressions et retenions que ces généralités : l'individu, l'unique, qui est notre grande invention morale et notre grande fierté politique, n'est jamais objet de science, non plus que de mémoire ; encore moins que de regard. A ma fenêtre, comme en son exemple, je vois passer des idées, s'ébrouer des représentations, s'exprimer de simples preuves. A nos fenêtres, ou bien à la terrasse d'un bistrot, regardant simplement en badaud ordinaires, passer les gens, admirer les belles femmes ou s'amuser du ridicule des uns ou des autres, ou à l'inverse se faire voir d'eux, nous demeurons au spectacle : mais l'avait-on oublié, du spectacle nous restons exclus et de la scène, rejetés.

Même de cet agglomérat de ferrailles et de béton tout juste orné de fumée âcre, je ne retiendrai que l'effroi souillé des couleurs : le monde ne m'est que subterfuge ou argutie.

Nos bousculades d'antan finalement ressemblent à nos errances d'aujourd'hui ; ne sont que frénésie de fourmilière. Trop près les uns des autres ou bien au contraire respectant distance convenue, entassant - on ne sait jamais - bagages qui sont autant de stocks anticipant notre angoisse de manquer, nous ne nous regardons pas les uns, les autres mais nous dérangeons parfois ; n'observons pas le monde que nous avons arasé comme espace, évidé, certes, mais conquis.

Je suis à ma fenêtre et regarde. Et crains que dehors, même avec toute l'énergie de la sincérité, il n'en aille de même et ne demeure ainsi spectateur de tout, de l'autre, du monde ; de moi. Seul. Chose à mon tour : immobile. Incapable bientôt de me mouvoir comme je fus impuissant à rien changer au monde.

Et que tous ceux-ci qui nous regardent se le disent, l'image que nous offrons de nous-mêmes est la même que celle qu'ils nous renvoient.

Bigre ! décidément ! qu'il est difficile d'être ! Fiche, décidément, qu'il est inextricable de n'être pas.

 

 

 

 

 


 


 1 ) Descartes, Méditations 2

Cependant je ne me saurois trop étonner quand je considère combien mon esprit a de foiblesse et de pente qui le porte insensiblement dans l’erreur. Car encore que sans parler je considère tout cela en moi-même, les paroles toutefois m’arrêtent, et je suis presque déçu par les termes du langage ordinaire : car nous disons que nous voyons la même cire, si elle est présente, et non pas que nous jugeons que c’est la même, de ce qu’elle a même couleur et même figure : d’où je voudrois presque conclure que l’on connoît la cire par la vision des yeux, et non par la seule inspection de l’esprit ; si par hasard je ne regardois d’une fenêtre des hommes qui passent dans la rue, à la vue desquels je ne manque pas de dire que je vois des hommes, tout de même que je dis que je vois de la cire ; et cependant que vois-je de cette fenêtre, sinon des chapeaux et des manteaux, qui pourroient couvrir des machines artificielles qui ne se remueroient que par ressorts ? mais je juge que ce sont des hommes ; et ainsi je comprends par la seule puissance de juger qui réside en mon esprit ce que je croyois voir de mes yeux.

 

2) PASCAL,Pensées, Brunschvicg 323.

Qu'est-ce que le moi ? Un homme qui se met à la fenêtre pour voir les passants, si je passe par là, puis-je dire qu'il s'est mis là pour me voir ? Non ; car il ne pense pas à moi en particulier. Mais celui qui aime quelqu'un à cause de sa beauté, l'aime-t-il ? Non : car la petite vérole, qui tuera la beauté sans tuer la personne, fera qu'il ne l'aimera plus.
Et si on m'aime pour mon jugement, pour ma mémoire, m'aime-t-on, moi ? Non, car je puis perdre ces qualités sans me perdre moi-même. Où est donc ce moi, s'il n'est ni dans le corps, ni dans l'âme ? Et comment aimer le corps ou l'âme, sinon pour ces qualités, qui ne sont point ce qui fait le moi, puisqu'elles sont périssables ? Car aimerait-on la substance de l'âme d'une personne abstraitement et quelques qualités qui y fussent ? Cela ne se peut, et serait injuste. On n'aime donc jamais personne, mais seulement des qualités.

3) M Yourcenar L'œuvre au noir, Derniers voyages

Le Roi cherchait un homme de l'art capable de soulager les douleurs laissées dans son vieux corps par l'humidité des camps et le froid des nuits passées sur la glace aux temps aventureux de sa jeunesse. Zénon se fit bien voir en composant une potion réconfortante pour le monarque las d'avoir fêté Noël avec sa jeune et troisième épouse, en son blanc château de Vadsténa. Tout l'hiver, accoudé à une haute fenêtre, entre le ciel froid et les plaines gelées du lac, il s'occupa à computer les positions des étoiles susceptibles d'apporter le bonheur ou le malheur à la maison des Vasa.

 

4) lire

Les deux pigeons

Les vautours et les pigeons

5) souvenirs …