Textes

Saint Augustin, Cité de Dieu, XVIII,9

ORIGINE DU NOM DE LA VILLE D’ATHÈNES, FONDÉE OU REBÂTIE SOUS CÉCROPS.



Voici, selon Varron, la raison pour laquelle cette ville fut nommée Ahènes, qui est un nom tiré de celui de Minerve, que les Grecs appellent Athena. Un olivier étant tout à coup sorti de terre, en même temps qu’une source d’eau jaillissait en un autre endroit, ces prodiges étonnèrent le roi , qui députa vers Apollon de Delphes pour savoir ce que cela signifiait et ce qu’il fallait faire. L’oracle répondit que l’olivier signifiait Minerve, et l’eau Neptune, et que c’était aux habitants de voir à laquelle de ces deux divinités ils emprunteraient son nom pour le donner à leur ville. Là-dessus Cécrops assemble tous les citoyens, tant hommes que femmes, car les femmes parmi eux avaient leur voix alors dans les délibérations. Quand il eut pris les suffrages, il se trouva que tous les hommes étaient pour Neptune, et toutes les femmes pour Minerve mais comme il y avait une femme de plus, Minerve l’emporta. Alors Neptune irrité ravagea de ses flots les terres des Athéniens; et, en effet, il n’est pas difficile aux démons de répandre telle masse d’eaux qu’il leur plaît. Pour apaiser le dieu, les femmes, à ce que dit le même auteur, furent frappées de trois sortes de peines : la première, que désormais elles n’auraient plus voix dans les assemblées; la seconde , qu’aucun de leurs enfants ne porterait leur nom; et la troisième enfin, qu’on ne les appellerait point Athéniennes. Ainsi, cette cité, mère et nourrice des arts libéraux et de tant d’illustres philosophes, à qui la Grèce n’a jamais rien eu de comparable, fut appelée Athènes par un jeu des démons qui se moquèrent de sa crédulité , obligée de punir le vainqueur pour calmer le vaincu et redoutant plus les eaux de Neptune que les armes de Minerve. Cependant Minerve, qui était demeurée victorieuse, fut vaincue dans ces femmes ainsi châtiées, et elle n’eut pas seulement le pouvoir de faire porte-r son nom à celles qui lui avaient donné la victoire. On voit assez tout ce que je pourrais dire là-dessus, s’il ne valait mieux passer à d’autres objets.

 

 


1. Platon dans le Timée (trad. Franç., tom. XII, page 109,) fait dire à Solon par un prêtre égyptien qu’il y a eu, non pas un déluge, mais plusieurs.
2. Eusèbe (Chron., p. 273, Proep. Evang., lib. X, Cap. 10, p. 488 et seq.) et Orose (Hist., lib. I, cap. 7) placent entre le déluge d’Ogygès et celui de Deucalion un intervalle de deux siècles.