Chronique du quinquennat

Ayrault II

Peu de changement, comme prévu, dans ce changement de gouvernement justifié essentiellement par la tradition parlementaire qui veut qu'un gouvernement démissionne chaque fois qu'une nouvelle chambre est élue ou, logique présidentielle oblige puisqu'un premier ministre procède du président, chaque fois qu'un nouveau président est élu.

La cohérence veut que l'on tienne compte, par des ajustements, des tendances dessinées par les résultats législatifs. C'est le cas. Le PS ayant la majorité, il n'a pas besoin de s'appuyer sur le Front de Gauche : ce gouvernement reste pour l'essentiel, socialiste, avec quelsues symboliques touches radicales et écologistes. On avait envisagé Hue mais le PC l'eût peu apprécié ; ou bien aussi l'entrée de Benhamias, ancien écologiste passé au Modem ; mais non, le Modem décidément ne fait pas partie de la majorité présidentielle.

La mutation de Batho n'a aucune signification politique sinon de régler une incompatibilité d'humeur !

On remarquera simplement le respect d'une promesse présidentielle en ne pesant pas trop sur la composition du gouvernement, en laissant un PC s'exprimer pour la non participation, en lui laissant affirmer son agacement en cas de nomination de R Hue, ancien dirigeant du PC, Hollande offre des marqueurs parlementaires à sa manière de présider.

La désignation de Cl Bartolone au perchoir, alors que tout le monde savait que Hollande eût préféré une femme (Guiguou à défaut de Royal) peut être indifféremment interprété comme son incapacité à peser sur les décisions de son parti ou au contraire comme un respect de la sphère de compétence parlementaire. Ce parlementaire chevronné - il est élu sans discontinuer depuis 1981- a d'abord été un fabiusien fidèle avant de rejoindre Aubry en 2008 et mis à part 2005 où il vota non au référendum européen, il aura toujours été dans la ligne majoritaire, pour cela hollando-compatible sans trop de frais.

Tout est désormais en place pour le vrai début de ce quinquennat : gouvernement, parlement ; les choses sérieuses vont pouvoir commencer - et, notamment, les inévitables mauvaises nouvelles.

Ce gouvernement qui est le 36e cabinet de la Ve, est aussi un des plus gros depuis celui de Rocard en 88. Ayrault est le 20e Premier Ministre depuis 58, ce qui fait finalement une moyenne de presque trois ans par Premier Ministre - au moins à ce niveau-ci, car pour certains ministères c'est une autre affaire, la promesse gaullienne de la stabilité aura été tenue.


 


 

 

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