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Coeur léger coeur changeant coeur lourd
Le temps de rêver est bien court

 

Est-ce pour ceci que j'aime tant les bancs, pour ce temps arraché au brouhaha où nous nous abandonnons, comme si nous étions seul, au plus profond de notre chambre ou de notre lit, à l'écart, parce que c'est bien d'une embardée, d'un immense quoique discret écart dont il s'agit, dont nous nous offrons le luxe qui n'a rien à voir avec ces borborygmes échappés par inadvertance des sombres tréfonds de notre âme où l'analyste de Vienne avait cru pouvoir déceler fil d'Ariane conduisant à notre essence.

Non ces rêves dont je parle où la pensée a sa part au moins autant que le recueillement, ces rêves où l'imagination le dispute à la prière doivent bien être, interstices nécessaires, cet hommage que nous devons à l'être et traduire ainsi ces hésitations qui nous empoignent à chaque croisée.

L'empressement pointe si vite car le réel sait se faire insistant. Mais j'y vois la trace même de notre légèreté. Rien de notre être ne coïncide avec le monde ni ne parvient correctement à s'y acclimater. La pensée cède tout aussi bien devant l'acte que devant le désir. Un rien nous divertit ; si peu nous égare ; nous pesons tellement maladroitement dans l'enchaînement des choses et esquivons si souvent la rencontre des êtres.

Est-ce pour ceci que les anciens nous enjoignirent au shabbat ou au dimanche ?

Il en va ainsi jusqu'à nos émotions, désirs ; jusqu'à nos plus généreux élans à qui, finalement nous le laissons que piètre place, n'accordons que médiocre attention.

S'asseoir non pour attendre ; pour écouter.

Ecouter monter la mélodie grinçante que fais-tu de ta vie ?

Et, pour une fois, bifurquer ; partir de l'autre côté.