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Outrage

Lu dans Le Monde : qui m'a suggéré une (petite) réflexion et une interrogation.

Outrage est à lui seul un mot intéressant qui comme outre et outrer dérive du latin ultra conférant à la chose ce caractère de dépassement, de franchissement de ligne ou de convenances que l'on retrouve dans l'expression passer outre ou lorsqu'il est fait mention des derniers outrages que l'on fait subir à une femme.

Quand il s'agit d'hommes de pouvoir, demeure toujours en arrière-fond, le caractère sacré du corps du Roi dont l'atteinte justifie les ultimes supplices (lire la narration du supplice de Damiens le régicide chez Foucault ) ainsi que la question de la responsabilité du Prince sur quoi la Révolution a tellement achoppé. Responsabilité politique, sans conteste ; pénale, sûrement non, s'il s'agit d'actes menés dans le cadre même de la charge politique.

Bien sûr, il ne s'agit pas de dénier au Président le droit de se défendre contre toute calomnie, rumeur ou ignominie qui entacherait son honneur en tant que personne mais comment ici as soupçonner que l'on confonde délit contre la chose publique et contre les personnes ?

On ne peut pas, à longueur d'interventions, user et abuser du discours lénifiant de manager et proclamer j'entends la colère et je la comprends et néanmoins passer outre. Précisément.

Ce peuple, on le sait, a de longues colères rentrées. Gare au moment où elle éclate. Or c'est presque toujours le cas quand il n'y a pas, plus ou qu'il ne peut plus y avoir de réponse politique ou institutionnelle. A ces moments, rares et périlleux, où tout peut se produire en même temps que rien, c'est le peuple qui passe outre.

 



1)

L'homme est investi de bien d'autres droits. Il peut déshonorer sa femme, la faire mettre en prison, et la condamner ensuite à rentrer sous sa dépendance, à subir son pardon et ses caresses! S'il lui épargne ce dernier outrage, le pire de tous, il peut lui faire une vie de fiel et d'amertume (Sand, Hist. vie ,t.4, 1855, p.393).