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Entre extravagance et tératologie

Libé en a fait mention : suite d'une campagne d'affichage savamment ourdie au soir même du 2e tour des élections régionales, la prolifération tel le chiendent de cette illustration irréfragable de la mégalomanie, mais de la vanité aussi.

Je ne tiens pas plus que ceci à revenir sur le personnage - je l'ai fait à de multiples reprises déjà - et je dois bien avouer qu'il me révulse plus qu'il ne m'intéresse.

C'est ceci assurément qui m'incite à y revenir néanmoins : il n'est jamais très souhaitable qu'en politique, quelqu'un attise plus d'émotion que de raison ; il est rare en tout cas que ce le soit chez moi.

Je n'ignorais pas que les réseaux bruissaient de la rumeur de son envie de candidature. A un an des élections, de telles humeurs vaniteuses ne sont pas rares … sinon légitimes en tout cas presque inévitables. Je n'ignorais pas que ce Monsieur pérore et pontifie sur CNews qu'un propriétaire sans aveu ni scrupule maintint sur les tréteaux malgré ses multiples condamnations - notamment pour incitation à la haine raciale - voire à cause de celles-ci avant qu'il ne tente de faire d'Europe 1 une autre tribune tout offerte aux obsessions de l'extrême-droite.

Mais quoi ? si droitier que l'on fût, on s'improvise mal candidat même si comme lui, par métier et expérience, on manie correctement les médias et s'y attarde avec une aisance obscène. J'imagine qu'écornifler un peu le monopole Le Pen a de quoi séduire mais quand même … J'imagine que l'entrée par effraction dans l'arène d'un Macron suscite sinon des vocations en tout cas des espérances.

Il est clair en tout cas que ces élections se joueront sur la capacité d'être ou non unis : la gauche n'en prend pas le chemin, elle est d'emblée éliminée ; la droite traditionnelle aura beaucoup de chemin à faire pour se retrouver ; sinon elle aussi se contentera de regarder passer les convois ! Que l'extrême-droite elle-même se divise entre Tata, la nièce, le sous-gendre aux dents acérées et ce ténébreux trublion, et alors … De là à penser que Zemmour est une arme de division massive indiscrètement glissée dans les rangs ennemis …

Au fond Zemmour est l'outil d'à peu près tout le monde ! Il n'y a que lui pour s'imaginer être autre chose qu'un leurre …

Regardons y quand même de plus près ! L'affiche utilise la même photo que celle qui orne sa page officielle sur Facebook, une photo du chroniqueur du Figaro en chemise blanche sur fond noir datant de 2015, achetée à l’AFP selon les règles d’utilisation d’une photo politique, indique Libé.

C'est la première chose qui me frappe : l'homme n'est pas seulement ombrageux - au sens où il prend ombrage de tout - il est ténébreux. Le propos qu'il tient n'a jamais rien de bien joyeux, il passe des catastrophes à venir à la décadence annoncée, que lui seul, avec son nationalisme sourcilleux, son virilisme obsessionnel et sa haine tant de l'Europe que de l'Islam, serait à même d'endiguer.

La photo, rare en politique, offre un personnage pris non pas de 3/4 et regardant vers l'avenir mais un homme, léger sourire dont on se demande s'il ne serait pas narquois, qui vous regarde dans les yeux. Droit dans les yeux ? Non le quidam a la fâcheuse manie de vous toiser légèrement d'en-dessous comme un ado, piètrement agressif et peu assuré du coup qu'il porte.

On trouvera à foison des photos de cet ordre et regarder certaines de ses interventions TV le confirme jusqu'à la nausée. Le regard est toujours en coin. Je n'irai pas jusqu'à offrir interprétation à la chose mais j'observerais néanmoins qu'au moins depuis le discours de la Convention de Septembre 19, Zemmour n'hésite plus à se poser comme le seul vrai penseur de cette droite-là - mais dans l'esprit de ce petit monsieur, penseur veut dire sauveur.

Il est habile - ne le sous-estimons pas - il sait parler - c'est son métier - son discours est construit et a toutes les allures d'une théorie : mais à bien l'écouter l'animal confond argumentation et anathème ; déduction et invectives.

L'homme me demeure un mystère : quelle frustration, quelle humiliation auront bien pu nourrir chez cet homme un tel abcès de haines recuites, et de rancœurs fièrement proclamées ?

Les époques troubles sécrètent des âmes troubles ! la perte de tout repère idéologique prête à ce saltimbanque des malheurs eschatologiques des allures de prophète.

Il n'ira pas loin mais nous a déjà entraîné bien bas !