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Vulgarités

Entre dégoût et honte

Je crois bien n'avoir pas eu envie initialement de rajouter mon commentaire sur cette sale histoire n'imaginant pas ce que je pourrais ajouter de pertinent aux flux de commentaires et d'indignation qui s'en suivirent. Me souvenant néanmoins avoir commencé l'année précédente par l'affaire Matzneff il m'apparaîtrait injuste de me taire ici.

Je connaissais l'homme de réputation et je l'ai entrevu quelquefois pérorer sur les estrades médiatiques avec cette morgue du spécialiste à qui on ne la fait pas ; cette arrogance d'un Monsieur je sais tout qui consent, non condescend, à nous faire grâce de sa parole experte mais y répugnerait presque tant l'intelligence de son public lui semble impropre à en saisir mieux - mais mal - que les seules bribes apparentes. Réputé homme de gauche, mais à l'entendre on en douterait si l'on oubliait que la gauche s'est perdue, il fait surtout partie de ce cénacle oligarque de Sciences Po qui se reproduit et protège par endogamie, se distribue les places avec parcimonie mais se les attribue avec gourmandise. Sciences Po ? j'y vois le carnet d'adresses qu'on s'y constitue ; peu le savoir qu'on y acquiert … le faire-savoir tout au mieux. Les sciences ? je cherche encore. Une couveuse à élites, un espace protégé où s'entre-mettent les premiers de cordée, se reproduisent les prébendes et se congratulent les suffisances. Où, comme autrefois on a ses pauvres qu'on fait entrer avec gourmandise et la charité faisandée de la grenouille de bénitier.

C'est l'autre versant de la vulgarité ! elle n'est pas tonitruante ou tapageuse comme elle sait l'être en politique parfois, elle n'en est que plus insidieuse et insoutenable. Plus odieuse.

Cette morgue de la bourgeoisie qui s'imagine invincible, intouchable. Se croit tout permis et se veut intouchable. Dans les extrêmes comme dans l'intime. Mais salit tout ce qu'elle touche. Et rend abjectes jusqu'aux manières policées dont elle excipe au nom du savoir-vivre ou de la bonne éducation. Morgue, mépris pour tout ce qui n'est pas soi ou comme soi, ivresse orgueilleuse devant sa propre réussite. Arguties spécieuses pour justifier ses revirements qui ne sont évidemment jamais des trahisons …

Comme si ce n'était pas suffisant déjà !

Il fallait qu'à cette insolence du parvenu on rajoutât la dépravation et des mœurs non point seulement dissolues ; criminelles …

On touche ici, ne nous voilons pas la face, au cœur même de l'inhumanité ; à l'apex de la transgression ; celui-ci se dresse exactement sur la ligne où la bête immonde hurle tant qu'elle couvre les moindres paroles, les ultimes ressacs de l'être.

Toucher à la fois à l'enfant, à l'inceste et au viol : comment peut-on, après cela, parader et jouer l'important sur les tréteaux médiatiques ? Sans honte ?

Se regarder dans la glace et ne pas vomir d’infamie ?

Ces prédateurs - comment les appeler autrement ? - tuent plusieurs fois leurs victimes : en les grevant d'une pesanteur dont ils auront du mal à se défaire ; en les étouffant dans le silence dont ils les enrobent ; en inversant toutes les valeurs. Peut-on s'en remettre quand celui qui doit vous protéger vous meurtrit ainsi ? quand cyniquement il instille en votre âme sa propre culpabilité et vous enjoint de prendre en charge sa propre honte ?

Je n'ai pas de solution … mais une vraie colère.