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Longévité

Cet article curieux sur M Drucker dans M le Monde

Il faut dire que le personnage jouit d'une spectaculaire longévité. La Télé de ses débuts, c'est celle de mon enfance mais aussi celle des vrais débuts populaires de la TV de l'ORTF - cette période où les Trente Glorieuses ne portaient pas encore leur nom mais l'eussent mérité

 

 

 

Le portrait se veut élogieux - il m'a surtout semblé cruel. Celui d'un vieux beau qui ne sait pas s'arrêter ; finira pas faire l'émission de trop. Celui qui, toujours un peu trop lisse, qui passa longtemps pour le gendre idéal, fait désormais figure de cocote défraichie ; incapable d'imaginer ne plus être sous le feu des projecteurs au point d'être monté sur scène ; incapable d'accepter son âge au point de se noyer dans l'entraînement physique comme si cela pouvait demain stopper son horloge physique.

Minaudeur, cabotin, de plus en plus sentencieux il versera bientôt dans le ridicule

 

 

 

Comment ne pas penser à ce passage de Mauriac déjà cité :

C'est à ces heures-là qu'un homme de mon âge se l'avoue : la vieillesse nous met, d'une certaine manière, hors la loi ; nous n'en avons qu'une conscience sourde, dans notre vie de chaque jour, nous parlons, nous écrivons, il nous arrive d'occuper le devant de la scène : ce n'est qu'une apparence. Nous ne faisons plus partie du vrai film. Mais le pire est qu'il ne nous intéresse plus. Août 59

Derrière tout cela, et cette incroyable vanité déguisée en modestie feinte … une triste peur de vieillir bien plus que de mourir. Je n'en connais pas qui ne redoute ce moment où il se sait devoir quitter la scène, son métier et ne pas trouver néanmoins arguments sincères, vraisemblables ou saugrenus pour y demeurer encore quelques instants.

Est-ce pathétique ou simplement touchant ? Cmment savoir ?

Il y avait de la grandeur autrefois à savoir pratiquer la retraite en quelque lieu de méditation. Il y a sûrement un tribut qu'on paie à la vie de ne désapprendre jamais le mouvement. Les deux ne s'équivalent pas mais se justifient. Mourir en scène est un autre fantasme.

Mais bigre que le temps est lourd quand on se pique de le compter ; quand il s'attarde à nous mesurer ses faveurs.