Bloc-Notes 2017
index précédent suivant

Accueil ->bloc-notes->2015

- >2016

Fossoyeurs …………

Agacé, on le devine, Joffrin par cet ouvrage : cela se sent dans son édito !

Il faut avouer qu'à force, ces inlassables litanies de dénigrement ont de quoi lasser. Certes, le quinquennat Hollande n'aura pas eu grand chose d'enthousiasmant qui laisse le goût amer d'un ratage eemplaire. Mais quoi ? en attendions-nous véritablement quelque chose tant nous avons toujours senti qu'il aura fallu un puissant rejet de Sarkozy pour rendre Hollande éligible ! Pourtant, et en même temps, ce type de remarque - ce n'est pas lui qui a gagné mais son adversaire qui a perdu - sert quasiment à chaque fois et fut en tout cas utilisé en 81 pour l'élection de Mitterrand.

Au delà de la cuistrerie du journaliste donneur de leçons qui n'a rien vu de plus que les autres, rien anticipé et sans doute rien compris, comment comprendre cette flagellation tant sadique que masochiste qui se pique d'être toujours de gauche mais ne lui entrevoit plus aucun avenir ?

La gauche ne s'aime plus ! s'est-elle d'ailleurs jamais aimée ?

Que la droite la mette en procès, quoi de plus normal même s'il y eut toujours quelque malhonnêteté à lui intenter un procès en légitimité. Mais la gauche elle-même, tanttôt sur son aile droite, tantôt sur son aile gauche nourrit force entêtement à se dénicher traîtres ou incompétents !

La doxa ambiante, rongée par les stéréotypes modernistes et libéraux adore supputer que la gauche fonctionnerait sur un logiciel dépassé et pour ceci serait condamnée à l'échec ou au renoncement ; ou bien, comme avec Hollande, aux deux en même temps. Bref, ne demeureraient que deux solutions : se saborder et passer de l'autre côté, ou inventer un improbable social-libéralisme c'est-à-dire, pour être clair, un libéralisme franc, juste un peu moins brutal. Macron en est le parangon : jeune, moderne, ivre de pensée unique ; fade à s'en écœurer.

Reste cette constante d'une gauche qui n'aime pas son histoire ; non plus que ses résultats … ou alors seulement longtemps après.

Qui n'a pas vécu douloureusement la fin des mandats Mitterrand en ayant eu l'impression d'un immense gâchis ?

Et pourtant, à y regarder de près le bilan fut à chaque fois plus qu'honorable ! Oh bien sûr, ce ne fut pas le soir du grand soir mais avouons le le mythe révolutionnaire malgré ses charmes romantiques a bien vécu. La rupture fut un slogan - ou un rêve mais les réalisations tout sauf symboliques.

Il faut écouter JL Mélenchon se souvenir, non sans émotion, de ces années-là dont il s'est pourtant détachées mais qu'il porte pourtant avec fierté :

Et l'on pourrait aisément dire la même chose des années Jospin (1997-2002). Sommes-nous aveugles ou bien avons-nous tant rêvé que rien sur le moment ne nous paraît estimable ? Même si le bilan est plus modeste, qui peut garantir que, demain, nous ne regarderons pas les années Hollande avec nostalgie ?

M'énervent, c'est vrai, ces Diafoirus qui se penchent sur la dépouille de la gauche avec une gourmandise trop suspecte pour n'être pas lâche.

Qu'elle soit désorientée aujourd'hui et peu susceptible de l'emporter en mai n'est un mystère pour personne. Qu'une bonne cure d'opposition et de réflexion puisse lui faire du bien est vraisemblable.

Deux mutations profondes nous séparent des années 80 :

Il va bien falloir les penser et préparer d'autant que le retour des droites avec leurs tentations identitaires et de moins en moins républicaines risque de se payer cher.

Le plus inquiétant est ici, bien plus grave que la faiblesse des uns ou des autres : je ne sais si Hollande aura été faible ou raître, incapable de revêtir l'habit de la présidence ou rétif à exercer le pouvoir comme le suggère le sulfureux et vengeur A Morelle ; ce que je sais c'est que ni à droite où l'on se replie avec délices sur des terres maurrassiennes ou intégristes, ni la gauche, dans le désarroi que l'on vient de décrire, n'ont pris la mesure de ces deux mutations ni n'ont de programme ou de stratégie pour les affronter.

Mais qui, en 95 eût parié sur un retour si rapide et si brillant de la gauche en 97 ?

Les cartes peuvent se retourner vite mais les périls demeurent autant que cette vacuité.

L'histoire est tragique mais les acteurs, pour le moment, sont loin d'être à la hauteur qui jouent une bien mauvaise pièce dans un bien mauvais théâtre, non pas pour nous, pas même devant nous ; sans nous.