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Léonard Cohen

Parce qu'une biographie paraît, relate Le Monde …

me souvenir de celui qui disparut il y a bientôt un an.

Il fait partie évidemment de ceux que j'écoutais jeune, dans les années 70, mais n'ai jamais cessé d'entendre. Je le savais s'être éloigné, dans les terres de la méditation et fut comme d'autres, surpris de le voir réapparaître. L'homme avait été spolié par son ex-manager ; ruiné, il remonta sur scène, pour assurer ses vieux jours.

Il y avait quelque chose d'à la fois digne et émouvant, de voir ce vieux Monsieur, de plus de soixante-dix ans, tenter de regagner sa vie ; sans se plaindre avec la gloire inquiète du poète ! Oui, ceci avait de la gueule.

Car oui, l'homme n'était pas seulement chanteur, ou comme d'autres vaguement auteur ou compositeur ; mais écrivain, poète ! hanté d'une spiritualité qu'il tenait de son enfance, rongé par un mysticisme qui sans doute le perdit autant qu'il ne le sauva

Il en va ainsi des chemins des hommes : certains conduisent toujours plus loin à l'extérieur ; en quête de l'autre ; de l'étranger ; de cette inquiétante étrangeté, peut-être, qu'évoquait Freud, mais aussi sans doute du nouveau, de l'espérance … Quand d'autres, à l'inverse, ramènent sempiternellement, en dépit qu'on en ait, moins vers soi que vers cet intérieur, si profond, si obsédé de superlatif, qu'il mérite bien qu'on le nomme intime ; en quête alors non de soi ni même des siens ; non du passé ; pas même du présent … et surtout pas d'identité mais de dignité seulement devant l'éclosion de l'être. Non pas du même mais de cet autre, si insolite, qu'est l'hésitation devant l'être. Je ne suis pas certain que les deux chemins s'opposent ; crois bien plutôt, qu'à la fin, ils reviennent au même.

Qu'il n'y a même pas à le craindre.

Se perdre ou se trouver reviennent au même : à cet alentour, à ces incessants allers et retours que trahit le circa de recherche. Vous cherchez à dépasser ce misérable petit moi qui crie à s'en croire prendre toute la place ? pourtant, à mesure de vos excursions, au creux même où s'excentrer, vous voici brutalement rappelé à vous même : c'est toujours soi qui pense, ressent et cherche à s'inventer. Vous cherchez au contraire à entrer en vous-même ? vous voici bientôt vous heurter à chaque recoin de l 'altérité comme on se meurtrit aux encoignures anguleuses d'un meuble trop rustique.

Posté de Turin 4-1-89.
A MON AMI GEORG !
Après que tu m’as eu découvert,
ce n’était pas un exploit de me trouver :
la difficulté est maintenant celle de me perdre...
LE CRUCIFIÉ.
F Nietzsche

 

 

 

 

Ultimes traces d'une conscience en passe de s'engloutir : se trouver, se perdre … Quelles sirènes celui-là poursuivit-il ? Quelle voix désespéra-t-il de pouvoir jamais prolonger ?

On ne s'appelle pas impunément Cohen ! On ne descend pas impunément d'une vieille lignée polonaise ! On n'est pas petit-fils de rabbin sans que ceci laisse des traces ! Et quand on vous répète, votre enfance durant, que vous êtes de la lignée d'Aaron …

Le cri vient de loin qui soupire l'âme de l'être.

 

 

 

 

Sisters of Mercy

 

Bird on the Wire

 

Love calls you by your name

 

Tonight will be fine

 

Who by fire