Textes

Karl Marx,
Le Capital, livre I, chapitre II,
Des échanges,

traduction de la quatrième édition allemande (1890) sous la responsabilité de Jean-Pierre Lefebvre, Paris, Éditions sociales, 1983.

 

Tout possesseur de marchandise ne veut aliéner sa  marchandise  que  contre d’autres marchandises dont la valeur d’usage satisfait son besoin. En      ce sens, l’échange n’est pour lui qu’un procès individuel. D’un autre côté,          il veut réaliser sa marchandise comme valeur, c’est-à-dire  la  réaliser  dans  toute autre marchandise de même valeur à son choix, sans se soucier si sa  propre marchandise a ou non une valeur d’usage pour le possesseur de l’autre marchandise. En ce sens, l’échange est pour lui un procès social universel.   Mais le même procès ne peut pas être à la fois pour tous les propriétaires de marchandises un procès seulement individuel et en même temps seulement un procès  social universel.

À y regarder de plus près, toute marchandise d’autrui vaut pour tout posses- seur de marchandise comme équivalent particulier de sa propre marchandise, et donc celle-ci vaut comme équivalent universel de toutes les autres marchandises. Mais comme tous les possesseurs de marchandises font la même chose, aucune marchandise n’est équivalent universel, si bien que les marchandises n’ont pas non plus de forme valeur relative universelle en laquelle se poser identiquement comme valeurs et comparer leur grandeur de valeur. Elles ne se font face que comme produits ou valeurs d’usage et absolument pas comme marchandises.

Dans leur perplexité, nos possesseurs de marchandises pensent alors, comme Faust : au commencement était l’action. Avant même d’avoir pensé,  ils sont déjà passés à l’action. Les lois qui dérivent de la nature de la mar- chandise s’actionnent dans l’instinct naturel des possesseurs de marchandises. Ils ne peuvent mettre en rapport leurs marchandises comme valeurs, et donc comme marchandises, qu’en les référant et les opposant toutes à une autre marchandise posée comme équivalent universel, quelle qu’elle soit. C’est ce que nous a montré l’analyse de la marchandise. Or seule un acte social peut faire d’une marchandise déterminée un équivalent universel. C’est pourquoi l’action sociale de toutes les autres marchandises exclut de l’ensemble une marchandise déterminée dans laquelle elles exposent universellement leur valeur. La forme naturelle de cette marchandise devient par là même la forme- équivalent dont la validité sociale est reconnue. Etre équivalent universel devient au travers du procès social la fonction sociale spécifique de la mar- chandise exclue. C’est ainsi qu’elle devient monnaie.

« Illi unum consilium habent et virtutem et potestatem suam bestiae tra- dunt. Et ne quis possit emere aut vendere nisi qui habet characterem aut nomen bestiae aut numerum nominis ejus »  (Apocalypse) [1].

La monnaie est le cristal que produit nécessairement le procès d’échange dans lequel divers produits du travail sont posés comme effectivement identiques entre eux et donc effectivement transformés en marchandises. A mesure que s’étend et que s’intensifie historiquement l’échange se développe l’opposition entre valeur d’usage et valeur qui était à l’état latent dans la nature de la marchandise. Pour le besoin du trafic il faut que cette opposition soit exposée extérieurement, c’est ce qui pousse à donner à la valeur des marchandises une forme autonome : et ce mouvement n’a de cesse que cette forme soit définitivement atteinte par le redou- blement de la marchandise en marchandise et monnaie. La transformation de la marchandise en monnaie s’accomplit donc dans la mesure même où s’accomplit la transformation des produits du travail en marchandises [2].

D’un côté, l’échange immédiat de produits a la forme de l’expression de valeur simple, mais, d’un autre côté, il n’a pas encore cette forme. Celle-ci était :

x marchandise A = y marchandise B.

La forme de l’échange immédiat de deux produits est  :
x objet d’usage A = y objet d’usage B [3].

Ici, les choses A et B ne sont pas marchandises avant l’échange, elles ne  le deviennent que par lui. La première façon, pour un  objet d’usage, d’être  une valeur d’usage en puissance, c’est d’exister comme non-valeur d’usage, c’est-à-dire comme quantité de valeur d’usage excédant les besoins immédiats de son possesseur. Les choses sont par définition extérieures à l’homme, et donc aliénables. Pour que cette aliénation [4] soit réciproque, il suffit que les hommes se fassent implicitement face comme les propriétaires privés de ces choses aliénables et par là même précisément comme des personnes indépen- dantes les unes des autres. Mais un tel rapport d’étrangeté réciproque n’existe pas pour les membres d’une communauté naturelle, qu’elle ait la forme d’une famille patriarcale, d’une commune de l’Inde antique, ou d’un Etat inca, etc. L’échange de marchandises commence là où se terminent les communautés, à leurs points de contact avec des communautés étrangères ou avec des membres de communautés étrangères. Mais une fois que certaines choses ont commencé d’être des marchandises à l’extérieur, elles le deviennent aussitôt, par contre coup, dans la vie intérieure des communautés. Leur rapport d’échange quanti- tatif est d’abord tout à fait aléatoire. Elles sont échangeables du fait de l’acte de volonté de leurs possesseurs, quand il veulent les aliéner réciproquement. Cependant le besoin d’objets d’usage étrangers s’établit peu à peu. La répéti- tion continuelle de l’échange en fait un procès social régulier. À la longue, une partie au moins des produits du travail doit donc être produite au départ en vue de l’échange. Et à partir de ce moment, d’une part, la scission entre l’utilité des choses pour le besoin immédiat et leur utilité pour l’échange se confirme. Leur valeur d’usage se sépare de leur valeur d’échange. Et d’autre part, le rapport quantitatif selon lequel elles s’échangent devient dépendant de leur production elle-même. L’habitude les fixe comme grandeurs de  valeur.

Dans l’échange immédiat de produits, chaque marchandise est immé- diatement moyen d’échange pour son possesseur, mais elle n’est équivalent pour son non-possesseur que dans la mesure où elle est, pour lui, une valeur d’usage. L’article d’échange n’acquiert donc pas encore une forme-valeur indé- pendante de sa valeur d’usage ou du besoin individuel des échangistes. La nécessité de cette forme se développe lorsque s’accroissent le nombre et la diversité des marchandises qui entrent dans le procès d’échange. Le problème surgit en même temps que les moyens de le résoudre. Jamais ne s’instaure un trafic où des possesseurs de marchandises comparent et échangent leurs articles contre d’autres articles différents sans que dans ce trafic diverses mar- chandises appartenant à divers possesseurs ne soient échangées contre une seule et même tierce marchandise et comparées à elle en tant que valeurs. Cette tierce marchandise, en devenant l’équivalent d’autres marchandises différentes, acquiert immédiatement - même si c’est dans d’étroites limites - la forme d’équivalent universel ou social. Cette forme équivalent universel sur- git et disparaît avec le contact social momentané qui l’a suscitée. Elle échoit de manière fugitive et changeante à telle ou telle marchandise. Mais avec le développement de l’échange marchand elle s’accroche de façon exclusive à des espèces de marchandise particulières, ou se cristallise en forme-monnaie. L’espèce de marchandise à laquelle elle reste attachée n’est d’abord due qu’au hasard. Mais, globalement parlant, deux facteurs interviennent de manière décisive. La forme-monnaie se fixe soit sur les articles d’importation les plus importants qui sont effectivement les formes phénoménales naturelles de la valeur d’échange des produits indigènes, soit sur l’objet d’usage qui constitue l’élément principal des biens indigènes aliénables dont on dispose : par exemple le bétail. Les peuples nomades sont les premiers à développer  la forme-monnaie parce que tout leur avoir se trouve sous forme mobile et donc immédiatement aliénable, et parce que leur mode de vie les met conti- nuellement en contact avec des communautés étrangères et les sollicite ainsi d’échanger leurs produits. Souvent c’est de l’homme lui-même, sous les espèces de l’esclave, que les hommes ont fait le matériau originel de la monnaie ; mais ce n’a jamais été leur terre. une telle idée ne pouvait lever que dans une société bourgeoise déjà constituée. Elle date du dernier tiers du xviie siècle, et l’on ne devait pas tenter de la mettre en œuvre à l’échelle nationale avant la révolution bourgeoise des Français, un siècle plus tard.

C’est dans la mesure même où l’échange marchand brise ses entraves purement locales, et où la valeur des marchandises prend l’extension d’une matérialisation de travail humain en général, que la forme-monnaie passe à des marchandises que leur nature dispose déjà à remplir la fonction sociale d’un équivalent universel, c’est-à-dire aux métaux précieux.

La conformité de leurs propriétés naturelles avec  ses  fonctions  montre bien que, « même si l’or et l’argent ne sont pas par nature monnaie, la mon-   naie est par nature or et argent » [5] Jusqu’à présent nous ne connaissons toutefois qu’une des fonctions de la monnaie, celle de servir de forme phéno- ménale de la valeur des marchandises, c’est-à-dire de matériau dans lequel s’expriment socialement les grandeurs  de  valeur  des  marchandises.  Seule  une matière dont tous les échantillons possèdent la même qualité  uniforme  peut être une forme phénoménale adéquate de la valeur, matérialiser du tra-vail humain abstrait et donc  identique. D’un  autre  côté,  la  différence  entre  les grandeurs de valeur étant purement  quantitative,  la  marchandise  mon-  naie doit pouvoir se différencier de  façon  purement  quantitative :  elle  doit être divisible à volonté, et ses sous-unités doivent pouvoir être recomposées     en un tout. Ce sont justement les propriétés que l’or et l’argent possèdent naturellement.

La valeur d’usage de la marchandise monnaie se dédouble alors. À côté de sa valeur d’usage particulière comme marchandise (ainsi l’or est utilisé pour obturer les dents cariées, comme matière première d’articles de luxe, etc.), elle acquiert une valeur d’usage formelle qui provient de ses fonctions sociales spécifiques.

Puisque toutes les autres marchandises ne sont que des équivalents particuliers de la monnaie, et que la monnaie est leur équivalent universel, ces mar- chandises se rapportent à la monnaie comme des marchandises particulières face à la marchandise universelle [6].

Nous avons vu que la forme-monnaie n’était que le reflet fixé sur une marchandise unique des relations entre toutes les autres marchandises. Que la monnaie soit marchandise [7]  n’est donc une découverte que pour celui qui  part de sa figure achevée pour l’analyser après coup. Ce que le procès d’échange confère à la marchandise qu’il transforme en monnaie n’est pas sa valeur,  mais sa forme-valeur spécifique. C’est la confusion de ces deux détermina- tions qui a induit certains à tenir la valeur de l’or et de l’argent pour purement imaginaire [8] . Le fait que la monnaie puisse être remplacée dans certaines de  ses fonctions par de simples signes d’elle-même a fait naître cette autre idée fausse qu’elle n’était qu’un simple signe. D’un autre côté, il y avait là le pres- sentiment que la forme-monnaie de la chose est extérieure à cette chose elle- même et qu’elle n’est que la forme phénoménale de rapports humains cachés derrière elle. En ce sens, toute marchandise serait un signe, puisqu’en tant que valeur elle n’est que l’enveloppe matérielle du travail humain dépensé pour la fabriquer [9] . Mais lorsqu’on tient pour de simples signes les caractères sociaux que prennent les choses ou le caractère de choses matérielles que prennent les déterminations sociales du travail sur la base d’un mode de production déterminé, on déclare en même temps qu’on les tient pour des productions arbitraires de la réflexion des hommes. C’est ainsi que les Aufklärer13** du xviiie siècle aimaient faire la lumière sur les choses et dépouiller, au moins provisoirement, de leur apparence d’étrangeté les figures énigmatiques des rapports humains dont on ne savait pas encore déchiffrer la genèse.  […]

Nous avons vu comment déjà dans l’expression de valeur la plus simple :

x marchandise A = y marchandise B,

la chose dans laquelle est représentée la grandeur de valeur d’une autre chose semble posséder sa forme d’équivalent indépendamment de cette relation, comme une propriété sociale naturelle. Nous avons suivi le processus par lequel cette fausse apparence s’installe et se conforte. Il est achevé dès que la forme-équivalent universelle s’est fondue dans la forme naturelle d’une espèce particulière de marchandise, ou encore s’est cristallisée en forme-monnaie.  une marchandise ne semble pas d’abord devenir monnaie parce que de tous côtés les autres marchandises exposent en elle leurs valeurs, mais ce sont elles inversement qui semblent universellement exposer leurs valeurs en elle parce qu’elle est monnaie. Le mouvement qui opère la médiation disparaît dans son propre résultat et ne laisse aucune trace. Sans qu’elles y soient pour rien, les marchandises trouvent leur propre figure de valeur déjà prête, comme une den- rée matérielle, existant en dehors et à côté d’elles. Dans leur simple appareil  de choses sortant des entrailles de la terre, l’or et l’argent sont en même temps l’incarnation immédiate de tout travail humain. D’où la magie de  l’argent.

 


1) « Ils ont tous un même dessein et ils donneront à la bête leur force et leur puissance » (Apocalypse, XVII, 13) « Et que personne ne puisse ni acheter, ni vendre, que celui qui aura le caractère ou le nom de la bête, ou le nombre de son nom » (Apocalypse, XIII, 17) [traduction Lemaistre de Sacy].

2) On jugera d’après cela des finasseries du socialisme petit-bourgeois qui veut éterniser la pro- duction marchande tout en abolissant « l’opposition de l’argent et de la marchandise », donc la monnaie elle-même, puisqu’elle n’existe que dans cette opposition. Autant vouloir supprimer le pape tout en main- tenant l’existence du catholicisme. Pour plus de précision sur ce point, voir mon ouvrage Contribution à la critique de l’économie politique p. 61 [Editions sociales, 1977, pp. 55 et suiv.].

3) Tant qu’on n’échange pas encore deux objets d’usage différents, mais qu’une masse chaotique de choses est offerte comme équivalent pour une troisième, comme cela s’observe souvent chez les sau- vages, c’est que l’échange immédiat de produits en est lui-même à ses tout premiers pas.

4) Veräusserung.

5)   Karl  Marx,  ouv.  cit.,  p.  121.  « Les  métaux  (…)  sont  monnaie  par  nature »  (Galiani,  Delta Moneta, in Custodi, Recueil etc., Parte Moderna, t. III, p. 137).

Pour plus de précision, voir la section consacrée aux métaux précieux dans mon ouvrage déjà cité. [Contribution, etc., Editions sociales, pp. 115 et suiv.]

6) « La monnaie est la marchandise universelle » (Verri, ouv. cit., p.  16).

7) « L’argent et l’or en soi, que nous pouvons désigner du nom général de métaux précieux, sont (…) des marchandises dont la valeur monte ou baisse (…). On peut donc reconnaître une valeur plus grande au métal précieux dont un poids plus faible peut acheter une plus grande masse de produits ou de biens manufacturés du pays etc. » ([S. CleMent,] A Discourse of the General Notions of Money, Trade, and Exchange, as they stand in relations to each other. By a Merchant, Londres, 1695, p. 7). « L’argent et l’or, monnayés ou non, bien qu’ils soient utilisés comme mesure de toutes les autres choses, n’en sont pas moins une marchandise au même titre que le vin, l’huile, le tabac, le drap et les étoffes » ([J. Child,] A Discourse concerning Trade, and that in particular of the East Indies etc., Londres 1689, p. 2) « Le patrimoine et la richesse du royaume ne peuvent pas à vrai dire consister uniquement en monnaie, pas plus que l’or et l’argent ne peuvent être exclus comme marchandises » ([Th. Papillon,] The East India Trade a most profitable Trade, Londres 1677, p. 4).

8) « L’or et l’argent ont leur valeur comme métaux avant qu’ils deviennent monnaie » (Galiani, ouv.cit., p. 72). Locke dit, lui : « Le commun consentement des hommes assigna une valeur imaginaire au métal d’argent, à cause des qualités qui le rendaient propre à être monnaie. » Law, au contraire : « Je ne saurais concevoir comment différentes nations pourraient donner une valeur imaginaire à aucune chose (…) ou comment cette valeur imaginaire pourrait avoir été maintenue ? » Mais il n’entendait lui-même pas grand-chose au problème : « L’argent s’échangeait sur le pied de ce qu’il était évalué pour les usages », c’est-à-dire d’après sa valeur réelle ; « il reçut une valeur additionnelle (…) de son usage comme monnaie » (Jean Law, Considérations sur le numéraire et le commerce, in E. Daire, Economistes Financiers du xviiie siècle, p. 469, 470).

9) .  « L’argent en est le signe » (= des marchandises) (V. De  ForBonnais, Etéments du Commerce,
Nouv. Edit., Leyde 1766, tome II, p. 143). « Comme signe il est attiré par les denrées » (ibid., p. 155).
« L’argent est un signe d’une chose et la représente » (Montesquieu, Esprit des Lois, in Œuvres Londres 1766, tome II, p. 158). L’argent « n’est pas simple signe, car il est lui-même richesse ; il ne représente pas les valeurs, il les équivaut » (Le Trosne, ouv. cit., p. 910) « Si l’on considère le concept de valeur, la chose elle-même n’est vue que comme un signe, et elle ne compte pas pour ce qu’elle est, mais pour ce qu’elle vaut » (HeGel, Philosophie du Droit, ouv. cit., p. 100). Longtemps avant les économistes, les juristes avaient lancé cette représentation de la monnaie comme simple signe et valeur imaginaire des métaux précieux, en bons valets et sycophantes du pouvoir royal dont ils ont pendant tout le Moyen Age appuyé le droit à la falsification des monnaies, en la fondant sur les traditions de l’Empire romain et les conceptions monétaires des Pandectes13*. « Que aucun puisse ne doit faire doute », dit leur habile disciple Philippe de Valois dans un décret de 1346 (16 janvier), « que à Nous et à Nostre Majesté royale, n’appartiengne seulement (…) le mestier le fait, la provision et toute l’Ordenance de monoie et de faire monnoier tels monnoyes et donner tel cours, pour tel prix comme il Nous plaist et bon Nous semble ». C’est par un dogme du Droit romain que l’empereur décrétait la valeur de la monnaie. Il était défendu expressément de la traiter comme une marchandise. Pecunias vero nulti fas erit nam in usu publico constitutas oportel non esse mercem. [Il ne peut être permis à personne d’acheter de l’argent car, créé pour l’usage public, il ne doit pas être marchandise]. On trouve d’excellents commentaires là-dessus dans G.F. PaGnini, Saggio soprail giusto pregio delle cose, 1751, dans Custodi, ouv.cit. Parte Moderna, t. II. En particulier, dans la deuxième partie de l’ouvrage, Pagnini polémique avec Messieurs les Juristes.

10) Pandectes : compilation d’extraits de la littérature juridique romaine qui constituent l’essentiel du Droit civil romain.