Bloc-Notes 2016
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Récits de l'intime

J'ai déjà invoqué l'intimité, pourquoi donc y revenir sinon pour évoquer ces récits qui la mettent en scène voire en œuvre ? Rien n'est plus fréquent que ce procédé consistant à transmettre une leçon, un enseignement, une théorie à l'aide d'exemples, d'historiettes prises dans la vie quotidienne : de la métaphore à l'allégorie et à la parabole ; de Platon à l'Ancien Testament où les paraboles sont rares, aux Évangiles où elles foisonnent.

Rien de moins anodin : le récit est supposé par sa simplicité éclairer l'esprit de l'auditeur ; pourtant il faudra toujours lui adjoindre une explication, un commentaire. Ce fut d'ailleurs, ici, tout l'intérêt pédagogique de ces leçons de la communale : inviter les enfants à tirer d'eux-mêmes le sens du récit qui se résumera d'une devise, d'un précepte que l'on consignera fièrement sur le tableau et que l'on apprendra par cœur pour le lendemain. La Fontaine en ses fables ne procéda pas autrement : la moralité qui y ponctue le récit lui conférait un sens rappelant ainsi qu'il valait plus qu'il ne semblait au premier abord.

Voici tout le secret de l'art : pas de littérature, de poésie non plus que de peinture sans ceci. Jamais l'œuvre ne se résume à l'ornement mais se couvre de cette épaisseur où ce qui se dévoile suggère ce qui se cache, où ce qui se donne presque aussitôt se dérobe, où rien ne se donne mais tout invite. Car elle est appel de l'autre : un regard, un point de vue, une perspective ; rien de plus- mais il en est tant d'autres. Je ne puis oublier qu'œuvre est opus, travail, labeur. Combiner, entrelacer, retrouver le geste antique du tisserand n'est pas qu'œuvre d'artiste mais de moraliste aussi ; le même dialogue où nul n'est moins acteur que l'autre. L'étymologie le dit : lire comme leçon participent ensemble de la cueillette, de ce que l'on choisit. Avant de s'apprendre, une leçon se tire et jamais, décidément, l'expérience ne se donne comme telle.

Alors, oui, moralité et esthétique participent de ce même geste qui n'ôte rien à l'épaisseur mais lui propose seulement une perspective. Il y aurait beaucoup à dire sur cette jointure même s'il est vrai que les artistes furent rarement des exemples au regard de la morale bourgeoise !

Je cherchais ce qu'exister signifiait : nous y voici ! Au delà des ambitions sociales ou professionnelles, par delà nos rencontres, nos amours ou nos amitiés, en deçà surtout de l'entrelacs étroit de causes et d'effets dont nous pourrons toujours craindre qu'il ne nous pétrisse, : créer ! C'est-à-dire métamorphoser cet entrelacs en un récit.

Les historiens nous ont appris depuis longtemps que le roi ne restait jamais seul. Mais en fait, jusqu'à la fin du XVIIe siècle, personne n'était seul. La densité sociale interdisait l'isolement et on vantait comme des performances rares ceux qui avaient réussi à s'enfermer dans un «poêle»ou une «étude» assez longtemps: relations entre pairs, relations entre personnes de même condition mais dépendant les unes des autres, relations entre maîtres et serviteurs, ces relations de tous les jours et de toutes les heures ne laissaient jamais l'homme seul. Cette sociabilité s'était longtemps opposée à la formation du sentiment familial, faute d'intimité.
Ariès

Je ne parviens pas tout à fait à oublier cette remarque faite par Ariès considérant la promiscuité qu'imposait la densité sociale comme le plus grand obstacle à l'éclosion de toute intimité. Il faudra du temps - XVIIe - , et la réorganisation de l'habitat pour que la famille se construise comme un rempart contre le monde et constitue cet espace toujours plus grand de la vie privée.

Entrer dans le monde, s'adapter à lui, en connaître les règles, les contraintes et les impératifs, ce que signifie cette conduite hors de que raconte éducation, exigeait d'abord que l'on en sortît, que l'on s'en mît, si peu que se pût, à l'écart. C'est cet écart qui donne de l'épaisseur au moi et rend possible le récit.

J'aime assez que l'intime soit un superlatif : ce qu'il y a au plus profond, au plus intérieur. Mais ne puis oublier qu'il ne s'agit jamais d'un espace clos, hérissé de murailles ou qu'on ne puisse pénétrer qu'en le violant ou l'abattant ; bien au contraire voici une dynamique qui dessine par cercles concentriques des espaces fluctuants, provisoires, que l'on ouvre plus ou moins à ceux-ci justement que l'on nomme les intimes. Peut-on tout dire ? je l'ignore ! je sais seulement qu'on en dit plus ou moins, et autrement, selon que l'autre en face de soi appartienne à la seule relation sociale ou professionnelle ; au cercle familial ; à celui des amours ou des amitiés ; des projets bâtis en commun …

Ce que l'on nomme le moi ; ce je dont Freud s'amusait à noter qu'il n'était pas maître dans sa propre maison ; cet entrelacs d'attributs, de qualités, de désirs et de volontés ; cette identité à quoi nous imaginons tenir qui n'est pourtant qu'une valse hésitation, tout ceci n'est autre que le récit de ces fluctuations. Tel un jour entrera qui demain, par volonté ou dépit, sortira peut-être : notre épaisseur tient du flux. L'individu est né, quelque part entre le XVII et le XVIIIe et semble réaliser la promesse de Paul dans la lettre aux Galates ( ni juif, ni grec…) pour autant cet atome demeure une boite noire ressemblant plus à nos rêves d'enfant qu'à une réalité incontestée. Principe irréfragable mais aussi objet de toutes les dérives, jusqu'à considérer par exemple toute loi comme atteinte au principe (libertariens)

Ce je, est-il boite noire ou blanche ? Noire, sans doute de nous résister ainsi incapables que nous sommes de nous saisir par la raison autrement que par des généralités ou de n'être pas submergés par nos émotions. Blanche, pourtant, parce que tel un joker, il peut prendre toutes les valeurs. Noire, parce qu'il est ce qu'il serait de la dernière vulgarité d'étaler quand en fait nous ne faisons que cela. Pourquoi donc vulgaire puisque nous sommes quand même notre seule grande affaire ; qu'il n'est d'autre sensation ou même pensée que les siennes et que jamais je ne parviens à me mettre à la place de l'autre autrement qu'en me payant de mots - même si tout m'invite à l'altruisme ?

J'y vois en tout cas toutes les figures de l'épaisseur

Figures de l'épaisseur

Sous les strates … rien peut-être

Celle, d'abord, constituée de ces couches superposées d'intimité révélant ou cachant autant de récits différents que l'on confie - ou laisse filer - cette part de soi que l'on espère maîtriser. Sans doute, ces couches s'interpénètrent-elles dessinant ainsi autant de murailles et de frontières à quoi l'on se heurte ou que l'on parvient à franchir. Couches poreuses, oui, où les tremblements ne sont pas rares mais où la pudeur semble dicter sa loi. A la frontière de la bienséance, de la délicatesse, et donc de la socialité, la pudeur fait se jouxter le précieux et l'odieux, le pur et l'impur en une ritournelle étrange où voile et dévoilement se disputent la primeur. Peut-être n'y a-y-t-il rien sous ce voile, rien en tout cas de saisissable mais nous voici dans le registre du volume et plus du tout de la surface. On avait pu croire, en bonne logique militaire qu'il ne se fût agi que de territoire à conquérir ou pénétrer, de citadelles à assiéger et prendre : non point, voici terre à creuser. Les topiques et la métaphore freudienne de l'iceberg ne disent pas autre chose. Les mots le disent : nulle maison sans fondation ; au début, on creuse. Ce je si intime qu'on ne peut ni ne doit le dire, ni surtout le dévoiler à l'encan, n'est autre que ce secret que l'on enfouit ; que l'on tait ; que l'on met à l'écart - qui est le sens de secerno en latin. Ce qu'est ce secret que l'on enfouit si précautionneusement ? Où je ne tiens pas pour anodin, qu'à l'identique du prisme enfoui sous les murailles, à l'identique de ces textes anciens et sacrés pouvant revêtir des significations différentes selon la caste à laquelle appartient le lecteur, mais selon aussi ce point où me semblait se rejoindre les lignes de la solidarité et de la réciprocité, à l'instar enfin de ces palimpsestes qui, grattés, révèlent des compositions différentes et successives, il y ait d'abord une volonté, celle de fonder, celle d'instituer. Le secret, sans doute qu'il n'y en ait pas ; le secret ? cette auto-institution d'un je qui s'affirme et tout de suite après se tait. Souvenons-nous de l'épisode qui oppose Hercule et Cacus, telle que la raconte Tite-Live : ce fut bien Evandre qui sauva la mise du premier après la mise à mort du second et la colère de la foule. Evandre détourne la colère, confuse, immaîtrisable par le verbe : il reconnaît Hercule. C'est à ceci qu'on reconnaît toute fondation, à ce changement de registre, de logiciel. Quand l'acte se fait Verbe. Le secret ? Ce Je, si intime, n'est rien ; rien d'autre que la volonté d'être un je.

Emprise et pesanteur de soi

Soyons plus prudents que Descartes qui est resté pris au piège des mots. Cogito, à vrai dire, n’est qu’un seul mot, mais le sens en est complexe. Dans ce célèbre cogito, il y a : 1° quelque chose pense ; 2° je crois que c’est moi qui pense ; 3° mais en admettant même que ce deuxième point soit incertain, étant matière de croyance, le premier point : quelque chose pense, contient également une croyance, celle que « penser » soit une activité à laquelle il faille imaginer un sujet, ne fût-ce que « quelque chose » ; et l’ergo sum ne signifie rien de plus. Mais c’est la croyance à la grammaire, on suppose des « choses » et leurs « activités », et nous voilà bien loin de la certitude immédiate.
La Volonté de puissance (1886), trad. G. Bianquis, t. I, livre I, Gallimard 1947, § 98, p. 65.
Celle ensuite constituée par l'emprise ou, plutôt devrait-on écrire, l'empire du Je. Nietzsche peut bien écrire à propos du cogito que Descartes se fût pris au piège de la grammaire, il n'empêche que s'il est glaise qui colle à la semelle, s'il est réalité qui ne laisse nul répit, c'est bien ce bois que désignent aussi bien le hylé grec, ou le materia latin et toute l'ascendance de Romulus qui porte le nom de silvius depuis que le petit-fils d'Enée naquit par quelque hasard, selon Tite Live, au fond de la forêt. De la place publique - forum - au tribunal - fors intérieur ou extérieur - voici que se dessine la ligne de partage entre un intérieur et un extérieur entre lesquels il faudra bien ménager des lieux de passage. A-t-on assez remarqué que la cité latine est constituée de ce même espace distinct dessiné par le sillon, ou celui de cette portion de ciel dessinée par les augures à l'aide d'un bout de bois justement et où ils liront les présages divins ? Cette épaisseur pouvait nous faire croire à quelque rustre ou brute réalité ; elle souligne au contraire une antique séparation dont nous ne pouvons nous défaire ; qui fait de notre fors intérieur une forme, rien de plus du fors extérieur. Un tribunal ? Une tribune en tout cas. On pourra toujours écrire que la conscience individuelle est une illusion mais si c'en est une elle résulte de l'empire de la volonté : la volonté de me proclamer un Je et d'être reconnu comme tel par l'autre.

Devoir s'accompagner

Épaisseur encore que celle constituée par l’omniprésence de soi. Peu, étrangement, le relèvent ; j'y ai trouvé néanmoins une mention dans l'ITV accordée à J Fest par H Arendt : nul ne peut faire fi de soi non plus que s'en débarrasser. Je puis, contraint souvent, volontairement parfois, quitter mon pays d'origine et chercher ailleurs de quoi nourrir mes projets ; je puis quitter ma famille - ce qui est finalement le sort commun de toutes épousailles ; je puis quitter mon épouse ou changer de compagne, me brouiller avec un vieil ami ou tout simplement le perdre de vue. Une seule chose m'est néanmoins impossible : me débarrasser de moi-même. Voici autre illustration de la forteresse que nous sommes à nous-mêmes. Car il y a un pendant à l’impossibilité qui m'est faite de ressentir ce que perçoit l'autre, de véritablement compatir et de ne pouvoir communiquer avec lui que par le truchement d'une raison qui me ballade du même au même : cette solitude radicale qui me fait, aux instants décisifs, être irrémédiablement face à moi-même, seul à éprouver, seul à juger … seul à décider. Arendt, évoquant la responsabilité ultime telle qu'elle peut se poser dans des situations extrêmes et à propos du cas Eichmann fait référence au principe socratique selon quoi il vaudrait mieux subir que commettre une injustice, dit autrement qu'il vaut mieux en fin de compte être victime que bourreau.

Ainsi, ou réfute ce qu’elle disait tout-à-l’heure par ma bouche, et prouve-lui que commettre l’injustice et vivre dans l’impunité après l’avoir commise, n’est pas le comble de tous les maux, ou si tu laisses cette vérité subsister dans toute sa force, je te jure, Calliclès, par le dieu des Égyptiens[22], que Calliclès ne s’accordera point avec lui-même, et sera toute sa vie dans une contradiction perpétuelle. Cependant il vaudrait beaucoup mieux pour moi, ce me semble, que la lyre dont j’aurais à me servir fût mal montée et discordante, que le chœur dont j’aurais fait les frais détonnât, [482c] et que la plupart des hommes fussent d’un sentiment opposé au mien, que si j’étais pour mon compte mal d’accord avec moi-même, et réduit à me contredire.
Gorgias, 482c

Ce principe, énoncé dans le Gorgias, est immédiatement associé à un autre : l'impossibilité d'être en contradiction avec soi-même, ce qu'Arendt nomme le devoir de se tenir compagnie. Il s'agit ici d'un principe que Socrate ne parvient pas plus à démontrer que son interlocuteur, le contraire. Indémontrable mais irréfragable ; normatif parce qu'à l'instar du principe de contradiction dont il est une forme morale, il rend le reste possible ou si l'on préfère, rien n'est possible sans lui.

Visible de manière criante dans les situations extrêmes, c'est bien en ceci que le cas Eichmann fut exemplaire, il implique que même dans les cas d'absolue impuissance, même donc lorsque il est impossible de s'unir à qui que ce soit pour résister, demeure néanmoins cette obligation, incontournable, de consentir ou de refuser. Ne pas le faire revient à se réfugier derrière le paravent du nous, à reporter la responsabilité sur le groupe, et donc, de renoncer à soi. Nous ne pouvons nous soustraire à ce dialogue intérieur qui est le commencement de la pensée non plus qu'aller à l'encontre de nous-mêmes. Le choix n'était pas, dans ces années terribles, entre l'héroïsme de la résistance et l'adhésion enthousiaste ; il était le plus souvent entre l'aveu d'impuissance qui constate au moins qu'à cela l'on ne veut pas participer et ces yeux que par veulerie l'on ferme en se réfugiant derrière l'irresponsabilité du groupe. Jaspers l'avait parfaitement vu, tout acte, en définitive est individuel et la responsabilité donc - celle qu'engage tout tribunal. Libre à nous, médiocrement, de ne pas nous poser de question, de jouer la logique du fonctionnaire qui s'attache à participer à tout prix, et donc à détourner le regard de soi, mais ce détour est un renoncement à sa propre humanité et vaut, qu'on le veuille ou non, adhésion. A la fin, quoiqu'on fasse ou ne fasse pas, s'impose le choix. Notre liberté est peut-être une grâce ; elle est d'abord pesanteur et nous arrime au monde.

L'épaisseur donc je parle, ce compagnonnage obligé est un tribunal intérieur. Quoiqu'on fasse ou veuille : L'oeil était dans la tombe et regardait Caïn. Nul n’échappe à son propre regard. Yourcenar, évoquant l'homme parle de son horrible et sublime faculté de choix : mais est-ce une faculté ou plutôt une obligation, une de ces nécessités à quoi l'on ne saurait se soustraire, pas même morale mais qui enclenche toute morale ?

A chacune de ces formes d'épaisseur sous quoi se couvre notre moi, correspond un récit et l'on n'aurait aucun mal, que ce soit dans la mythologie ou les textes bibliques, à en trouver des occurrences. A ces strates d'intimités partagées autant que calculées, nos confessions oui sans doute mais à peu près tous nos écrits - hormis parfois les textes scientifiques - et tout ce que la culture peut compter d'œuvres pour ce qu'il ne se peut pas qu'elle ne disent plus, et s'agissant de nous beaucoup plus, qu'elles ne laissent transparaître. De cette matière dont nous sommes pétris mais de laquelle nous ne cessons de vouloir nous distinguer, nos silences, nos mystères, nos mensonges peut-être même sans quoi il n'est pas de désir possible. De cette impossibilité de nous dépasser autant que de nous contredire, les aléas erratiques de nos cheminements tant il demeure exact que nos actes, eux aussi sont des récits qui nous traduisent ou trahissent.

C'est là peut-être le plus surprenant : au plus profond et silencieux de l'intime … le monde ! Fait du même bois ! Il ne parle jamais que de nous ; autant que, nous confessant, nous ne parlons jamais que de lui. Notre secret, si vide pourtant, est d'avoir cru pouvoir nous en distinguer ; notre erreur d'avoir imaginé le dominer jamais et nous ériger contre lui. Espaces infinis silencieux, selon Pascal, et si effrayants : mais l'espace clos de mon intimité l'est tout autant pour qui ne veut pas considérer le jeu de miroir , espaces en réalité bien plus bavards qu'on ne l'imagine. De l'artiste au chercheur, nous ne cessons d'être au chevet des bruissements du monde qui ne sont que les échos de nos propres vagissements..

Peut-être ne sommes nous qu'aux aubes de notre histoire d'ainsi, tel Narcisse, vouloir en tout scruter notre propre image. Mais nous sommes si seuls ! Aristote nous l'avait dit : nous avons pris le détour de la forme pour contourner ce que le bois a de dirimant mais sommes-nous pour autant sortis de notre bulle ? le monde est rationnel ? la belle affaire, nous l'avons supposé tel !

Nous ne sortons jamais de nous-mêmes et ne parvenons que si difficilement à voir dans le monde autre chose que l'hypostase de nos propres désirs. Sans doute est-ce J Bosch qui eut raison d'ainsi se représenter la création sous la forme d'une sphère si étroitement fermée sur elle-même.

Bien sûr, à l'extérieur, le créateur au coin supérieur gauche mais surtout, à l'extérieur, moi qui contemple le tableau. Voici tout notre dilemme - et je le devine intime : nous n'avons d'autre choix, nous qui tentons de nous affirmer, que d'exclure le tiers et, ainsi, soit de désenchanter le monde en le dégradant en objet disponible, soit d'usurper la place du créateur et donc de braver les dieux.

Le voici, au plus secret et silencieux, la parole d'impuissance, le choix impossible à porter cependant. Je ne voudrais participer en rien à ce grand parasitage. Comment exister sans ruiner le monde ni blasphémer les dieux ?

Est-il question plus morale que celle-ci ?